La famille

C’est une photo qui me touche beaucoup. Je suis au milieu, assis sur les chevilles de mon père, calé entre mon frère Gilles et ma sœur Claudine. Je dois avoir trois ou quatre ans. Ma petite sœur Josiane n’est pas encore née. Mais le clan est déjà bien formé. Très groupé. On sent le mélange d’ardeur, de simplicité et de jovialité qui l’anime.
Antonin est né en 1927. Il a commencé à travailler à l’âge de 14 ans au domaine Pierre Amadieu, il est devenu chef de culture à 30 ans. Il a planté ou replanté tout le vignoble Amadieu, il travaillait au cheval.

Quelques années après le gel de 1956 qui a décimé les oliviers qui avaient remplacé la vigne après la crise phylloxérique à la fin du XIXe siècle, il a défriché des terres héritées de son père berger et postier. Il y a planté des vignes, juste sous les Dentelles. C’est un moment clé dans l’histoire de Gigondas et de notre famille.
Au départ, mon père a vendu le raisin à Pierre Amadieu. Puis, en 1978, il a commencé à faire son vin, avec trois cuves, un vieux pressoir, et il a mis en bouteille le millésime 1979, vendu en 1981. Un an après, il a pris sa retraite chez Amadieu et s’est consacré à son domaine. La maladie l’a emporté en 1988.

Ma mère Geneviève est née en 1934 à Avignon. Le patron de mon père l’a engagée comme gouvernante pour ses quatre enfants. On devine la suite…

A partir de là, mes parents ont construit une famille très soudée, très ancrée. Ils ont eu quatre enfants, qui sont toujours là, au plus près. Ma mère s’occupe du caveau de vente, au cœur du village.

Inutile de lui poser des questions : elle explique tout sans qu’on ait besoin de lui demander quoi que ce soit !

Je suis arrivé au domaine en 1989, à 26 ans, juste après le décès de mon père. Jusque là j’avais travaillé chez Amadieu comme caviste de 1981 à 89.

Il m’a fallu sept ou huit ans pour réaliser que je faisais un travail formidable. Je dois beaucoup à Christian Voeux, alors maître de chai au château Mont-Redon à Châteauneuf-du-Pape.

Un homme aux connaissances extraordinaires mais d’une formidable humilité. Pendant deux ans, avec lui et d’autres, on se retrouvait une fois par mois pour déguster.

Ça a provoqué un déclic, ça m’a stimulé, j’ai appris à déguster, à reconnaître les qualités et les défauts.

Gilles est mon frère aîné. Il a été le premier à rejoindre mon père sur le domaine en 1985. C’est à son arrivée que le père a pris des vignes en fermage à Lafare d’où provient aujourd’hui notre cru de Beaumesde-Venise. C’est un bosseur de l’ombre, il est discret, plutôt taiseux, il déteste les photos, et il se consacre essentiellement au vignoble..

Josiane est la petite dernière.
Elle nous a rejoints en 2014.
Elle s’occupe principalement du secrétariat, de toutes les tâches administratives, et donne un coup de main à maman au caveau.

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